Tu m’avais dit : j’attendrai la nuit. Une nuit pour se pendre ou se faire voir ailleurs. Une nuit pour se taire ou hurler son horreur.
Je t’ai vu passer, fier, clope au bec et le regard fermé. C’était le genre de nuit où tu n’as pas eu une seule attention pour moi. Je trainais dans le bar, seule, avec un verre de je ne sais plus quoi. Je m’en fous, j’aime pas l’alcool. Le plus souvent pourtant tu me souris. Avant de me dévorer. Tu m’emmènes dans ton appart’, en face sur le boulevard. La plupart du temps tu ne me déshabilles même pas. Je m’en fous, j’aime pas l’amour. Pour te faire plaisir parce que t’es sympa je ferme les yeux et j’attends cinq minutes. C’est moins pénible qu’avec les salauds habituels. Tu serais, je sais pas moi, comme une sorte d’amant. Tu reviendrais régulièrement. A heures fixes. Le regard toujours fermé.
Ton rendez-vous c’est me baiser. Habillée, à poil, contre le frigo, sur le parquet. Quelle importance. C’est la nuit. On se voit à peine. On ne cherche rien, même pas à oublier.
texte en écho publié chez Philippe Castelneau (amusant les vases co mais on finit par oublier à quoi ressemble son texte !)
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